Crédit photo: Elise Martineau photographie
Modèle: Benjamin Beaulieu |
Olivier Dumais
Olivier Dumais a 16 ans. À l'école, on le surnomme le mongol. Comme il est victime d'intimidation depuis plusieurs années, Olivier n'a aucune estime de lui. Il est plutôt beau, mais se voit comme étant très laid, puisque c’est ce que ses camarades de classe lui disent depuis longtemps. C'est un garçon très secret, indépendant et solitaire.
Dans les couloirs de l'école, il marche avec une posture voûtée qui le fait paraître plus petit. Il fixe le sol et fait tout en son pouvoir pour passer inaperçu. Il évite de parler, puisqu'il bégaie. Lorsqu'il fait la rencontre d'Alicia, son quotidien se voit chamboulé... |
Extrait
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Olivier
Marteau tapote ma joue en me regardant droit dans les yeux. —Maudit que t’es dégueu, avec ta face de pizza. Tino rigole. Quel crétin! Oui, j’ai quelques boutons d’acné, mais quand même beaucoup moins que cet imbécile. Et même si je suis laid, je n’ai pas l’air d’un gros sanglier comme lui! J’ai hérité des traits grossiers de mon père: de grands yeux d’un brun très foncé, un nez plat et une bouche aux lèvres charnues. Mes cheveux châtains et bouclés me tombent devant le visage et sont continuellement en bataille, mais je n’aime pas les porter courts. Je me sens nu, sans ma tignasse. —Pourquoi on t’a pas envoyé dans une école de mongols avec ton frère? Chaque jour, quand je te vois, je me demande pourquoi on est pognés pour t’endurer! |
Il a raison sur ce point. Moi aussi, je me demande comment faire pour «m’endurer», comme il le dit. Sans être idiot, j’agis pourtant comme si je l’étais. J’ai de bons résultats en classe, mes professeurs m’apprécient, mais sinon, ma vie à la polyvalente est un vrai cauchemar. Je n’arrive pas à faire une phrase complète sans bégayer. Au moindre mouvement brusque, je sursaute. J’ai même parfois peur de mon ombre, c’est tout dire! Il m’arrive de me demander si je ne serais pas un peu autiste, moi aussi. À vrai dire, il m’arrive de souhaiter être autiste afin de vivre dans une bulle, comme mon frère. Lui, il se moque bien des insultes de Marteau et de sa bande. Il n’en a rien à faire de ce que les gens racontent à son sujet sur les réseaux sociaux. Je l’envie…
Derrière le masque 1. Haute voltige, p. 9
Derrière le masque 1. Haute voltige, p. 9