Avis au lecteur: Ce texte dévoile une partie de l'intrigue du roman Lili-la-Lune. Il vaut mieux lire le roman avant pour en apprécier le contenu.
Qu’est-ce que je fais ici? Je suis un crétin… Assis dans ce sofa, j’ai une vue parfaite sur Lili et son salaud de petit-ami, Marc Rioux. Pierrick Potvin, l’un de mes meilleurs amis, m’avait dit que fumer un joint de marijuana allait me remettre sur pied. Paraît-il que j’allais bien rigoler, mais en fait, je me sens juste plus idiot encore. On a ri, tout à l’heure, mais je n’ai plus du tout le cœur à la fête. J’aime Lili. Elle ne m’aime pas. | |
Elle sort avec ce type musclé et beau et… je ne suis pas de taille contre lui. J’ai bien essayé de lui plaire, mais je suis trop maladroit. Quelle idée ridicule que d’embrasser d’autres filles pour la rendre jalouse. Oh! Elle s’est bien mise en colère, mais elle me prend maintenant pour un vrai salaud.
Pierrick soupire à côté de moi. Il est dans le même état que moi. Lui, il aime Évelyne Vachon. Je ne lui envie pas son sort. En plus d’être folle et hystérique, elle est en couple avec Jérémie, un gars de l’équipe de hockey de notre école. Un grand fendant qui, pour une raison qui nous échappe, puisqu’il est laid comme un singe, attire toutes les filles. Qu’est-ce qu’elles lui trouvent?
Pierrick soupire à côté de moi. Il est dans le même état que moi. Lui, il aime Évelyne Vachon. Je ne lui envie pas son sort. En plus d’être folle et hystérique, elle est en couple avec Jérémie, un gars de l’équipe de hockey de notre école. Un grand fendant qui, pour une raison qui nous échappe, puisqu’il est laid comme un singe, attire toutes les filles. Qu’est-ce qu’elles lui trouvent?
Ce n’est pas comme Marc. Lui, il est monsieur parfait. Ses cheveux bruns légèrement ondulés sont toujours placés comme il le faut. Son regard vert est enjôleur. Sans compter qu’il a des tas de muscles… Moi, je suis maigre. Un pic. Je suis laid avec mes cheveux que je coiffe en leur donnant un air négligé. C’est mon cousin qui m’a trouvé ce style. Généralement, je me sens bien, différent. J’aime attirer les regards avec mes vêtements originaux, même si je sais que mon style ne plait à personne d’autre qu’à moi. Vêtu comme n’importe quel garçon, je me sens ennuyant. Banal. En vrai, je le suis… Mais j’aime faire croire que je suis une personne originale qui a beaucoup de personnalité. Lili rit. Elle vient d’avaler un autre verre de vodka. J’ouvre les yeux et l’observe. Je m’inquiète un peu. D’habitude, elle est plutôt froide avec Marc, mais ce soir elle est affectueuse. La plupart du temps, j’arrive à me convaincre qu’elle sort avec lui pour faire plaisir à ses amies Léa et Évelyne. Cette idée me console. Ce n’est peut-être pas le cas… Comme j’aimerais qu’elle m’aime. Juste un peu. |
Oh! Non… Ils s’embrassent. J’avale difficilement ma salive et referme les yeux. Cette douleur est insoutenable. Fumer un joint était une mauvaise idée. Tout est plus douloureux…
- Tu veux qu’on aille dans une chambre? demande Marc.
J’entrouvre légèrement les paupières et vois que Lili acquiesce en rougissant. Ma gorge se noue. Et je comprends. Je comprends que si je me suis installé ici, c’était pour savoir ce qu’elle faisait avec lui. Je ne veux pas qu’il la touche. Je ne veux pas qu’elle soit avec quelqu’un d’autre que moi. Je voudrais l’avoir dans mes bras. Je ne la soulerais pas pour l’attirer dans une chambre avec moi. Je lui prendrais seulement la main. J’enfouirais mon nez dans ses cheveux… Oh! Puis oui, je l’embrasserais et j’aimerais être seul avec elle dans une chambre.
Je tousse pour chasser la boule d’angoisse que j’ai dans le creux de la gorge. C’est invivable de l’imaginer avec lui alors que je voudrais prendre sa place! Je me sens terriblement mal. Les yeux entr’ouverts, je les observe discrètement. Lili se laisse entraîner en riant vers la chambre d’Évelyne, au fond du couloir. D’où je suis, je vois la porte se refermer.
- Tu veux qu’on aille dans une chambre? demande Marc.
J’entrouvre légèrement les paupières et vois que Lili acquiesce en rougissant. Ma gorge se noue. Et je comprends. Je comprends que si je me suis installé ici, c’était pour savoir ce qu’elle faisait avec lui. Je ne veux pas qu’il la touche. Je ne veux pas qu’elle soit avec quelqu’un d’autre que moi. Je voudrais l’avoir dans mes bras. Je ne la soulerais pas pour l’attirer dans une chambre avec moi. Je lui prendrais seulement la main. J’enfouirais mon nez dans ses cheveux… Oh! Puis oui, je l’embrasserais et j’aimerais être seul avec elle dans une chambre.
Je tousse pour chasser la boule d’angoisse que j’ai dans le creux de la gorge. C’est invivable de l’imaginer avec lui alors que je voudrais prendre sa place! Je me sens terriblement mal. Les yeux entr’ouverts, je les observe discrètement. Lili se laisse entraîner en riant vers la chambre d’Évelyne, au fond du couloir. D’où je suis, je vois la porte se refermer.
Je me redresse et m’étire. - Tiens, t’es pas mort? se moque Guillaume. Potvin est complètement sonné! Je me rends compte qu’en effet, notre ami s’est endormi. Chanceux! - Allez, viens, on joue au beer pong! Ça va te réveiller un peu. Je me lève et le suis à la cuisine. Évelyne, Jérémie et Jef nous y attendent. Jef est saoul et il parle fort. Pendant plusieurs minutes, nous lançons la balle de ping-pong n’importe où et Jef va la chercher comme s’il était un petit chien. Quel crétin! Il est drôle, quand même. J’ai du mal à vraiment m’amuser. Je jette souvent un regard sur la porte fermée, au fond du couloir. La balle me frappe la tête! C’est n’importe quoi, ce jeu… Guillaume décide que la plaisanterie a assez duré et il lance la balle vers le verre de bière au centre de la table. Il atteint la cible du premier coup. - Ouh! Yeah! P-A, c’est toi qui… Un bruit de voix l’arrête. Lili… Elle crie : -… un gros porc dégueulasse! | Je ne la soulerais pas pour l’attirer dans une chambre avec moi. Je lui prendrais seulement la main. J’enfouirais mon nez dans ses cheveux… |
Évelyne et moi nous levons d’un seul bond. Lili n’a pas l’habitude de crier ainsi et elle n’est jamais vulgaire. Évelyne comprend comme moi que quelque chose ne va pas. Elle se précipite vers sa chambre. Je la suis. Marc sort en trombe et me fonce dedans.
- Elle est complètement frigide! Je t’avertis, y’a rien à faire avec elle!
Je me fige, et m’agrippe à lui, saisi d’un haut-le-cœur. Comment ça, frigide? Elle a repoussé ses avances? Une joie malsaine s’empare de moi. J’espère qu’elle a rompu avec lui! Marc se dégage et me pousse dans le mur. Je le regarde alors qu’il s’éloigne d’un pas rageur.
Des bruits de pleurs me sortent de ma torpeur. Mon étrange sentiment de joie s’est envolé. Je suis pétrifié. Qu’a-t-il fait à ma Lili? Est-ce qu'ils ont couché ensemble? Il lui a fait du mal? Je glisse un œil dans la chambre.
- Elle est complètement frigide! Je t’avertis, y’a rien à faire avec elle!
Je me fige, et m’agrippe à lui, saisi d’un haut-le-cœur. Comment ça, frigide? Elle a repoussé ses avances? Une joie malsaine s’empare de moi. J’espère qu’elle a rompu avec lui! Marc se dégage et me pousse dans le mur. Je le regarde alors qu’il s’éloigne d’un pas rageur.
Des bruits de pleurs me sortent de ma torpeur. Mon étrange sentiment de joie s’est envolé. Je suis pétrifié. Qu’a-t-il fait à ma Lili? Est-ce qu'ils ont couché ensemble? Il lui a fait du mal? Je glisse un œil dans la chambre.
Ce salaud l’a forcé à coucher avec lui… Il l’a violé? | Lili est assise par terre. Ses cheveux sont décoiffés, comme si une tornade l’avait secouée. Son pantalon est détaché et une main est posée sur son ventre. Elle sanglote, la tête appuyée contre le mur. Son mascara coule sur ses joues. Évelyne la prend dans ses bras. Je m’avance vers elles. Quelque chose par terre attire mon regard. Je saisis le papier mouchoir et le rejette aussitôt. Du sperme… Ce salaud l’a forcé à coucher avec lui… Il l’a violé? |
Je savais que j’aimais Lili, mais je n’avais pas encore saisi la force de mes sentiments pour elle. On dirait qu’une pierre vient de prendre place dans mon estomac. Mon souffle est court.
Ce salaud lui a fait du mal et je n’ai rien pu faire pour la protéger.
Je m’assieds sur le lit et observe la fille que j’aime dans les bras de sa meilleure amie. Je donnerais tout pour prendre sa place. Qu’on me donne sa souffrance. Qu’on la libère…
Comment a-t-il pu oser? Moi, je ne lui ferai jamais de mal. Jamais.
Évelyne lève les yeux et me voit. Elle me rejoint et me fait sortir de la chambre. Je me laisse entraîner sans résister.
- DEHORS!
Je sens que quelque chose s’est brisé en moi. Littéralement. Voir ma Lili, ainsi, me donne l’impression que je suis devenu quelqu’un d’autre. Un être sanglant. Une bête féroce.
Je vais tuer Marc Rioux!
J’ouvre la porte et fixe les filles. Lili me regarde, dévastée. Elle a tellement l’air de souffrir que j’ai l’impression qu’on m’écorche de l’intérieur.
- S’il t’a frappé, il va avoir affaire à moi. S’il t’a… – Je pointe les kleenex par terre – Je le tue!
Évelyne se lève et me claque la porte au nez.
- Vas-y, fais donc ce que tu veux et laisse-nous tranquilles!
J’explose et envoie un coup de pied dans la porte.
- Je vais le tuer! Je te jure que je vais le tuer!
Je vacille. Évelyne sort de la chambre.
- P-A, calme-toi…
Elle me pousse dans le mur et me prend dans ses bras. Elle chuchote à mon oreille.
- Lili n’a pas besoin que tu fasses une scène. Laisse-moi prendre soin d’elle, OK. Si tu l’aimes…
Ce salaud lui a fait du mal et je n’ai rien pu faire pour la protéger.
Je m’assieds sur le lit et observe la fille que j’aime dans les bras de sa meilleure amie. Je donnerais tout pour prendre sa place. Qu’on me donne sa souffrance. Qu’on la libère…
Comment a-t-il pu oser? Moi, je ne lui ferai jamais de mal. Jamais.
Évelyne lève les yeux et me voit. Elle me rejoint et me fait sortir de la chambre. Je me laisse entraîner sans résister.
- DEHORS!
Je sens que quelque chose s’est brisé en moi. Littéralement. Voir ma Lili, ainsi, me donne l’impression que je suis devenu quelqu’un d’autre. Un être sanglant. Une bête féroce.
Je vais tuer Marc Rioux!
J’ouvre la porte et fixe les filles. Lili me regarde, dévastée. Elle a tellement l’air de souffrir que j’ai l’impression qu’on m’écorche de l’intérieur.
- S’il t’a frappé, il va avoir affaire à moi. S’il t’a… – Je pointe les kleenex par terre – Je le tue!
Évelyne se lève et me claque la porte au nez.
- Vas-y, fais donc ce que tu veux et laisse-nous tranquilles!
J’explose et envoie un coup de pied dans la porte.
- Je vais le tuer! Je te jure que je vais le tuer!
Je vacille. Évelyne sort de la chambre.
- P-A, calme-toi…
Elle me pousse dans le mur et me prend dans ses bras. Elle chuchote à mon oreille.
- Lili n’a pas besoin que tu fasses une scène. Laisse-moi prendre soin d’elle, OK. Si tu l’aimes…
Je la repousse. Évelyne sait que je suis amoureux de Lili. Elle avait le béguin pour moi et je lui ai avoué qu’elle ne m’intéressait pas. Elle a fini par comprendre que j’en pinçais pour Lili. Depuis, elle se moque de moi... - C’est ta faute! Tout est ta faute! Tu l’as poussé dans les bras de ce salaud… | - C’est ta faute! Tout est ta faute! Tu l’as poussé dans les bras de ce salaud… |
- P-A! Franchement! Va prendre l’air, ça va passer. Lili n’a pas besoin de toi!
- Je vais le tuer pareil. Il n’avait pas le droit…
- Eille, le malade! Tu n’as aucune idée de ce qui s’est passé, OK.
- Je ne suis pas stupide! J’ai encore du sperme sur les doigts.
En le disant, je me rends compte que c’est vrai. Mes doigts sont gommés.
- Oh! Dégueulasse! dit Évelyne en s’éloignant de moi. Moi aussi…
Elle sent ses doigts et grimace.
- Quel salaud!
- Prends soin d’elle! Moi, je m’occupe de Marc!
Je la plante là. Elle me crie de revenir, appelle son frère à la rescousse. Guillaume m’intercepte.
- Eh! Le gros? Où tu vas?
- Tuer Marc.
Je me défais de sa poigne. Il me retient de nouveau par le bras. Jef arrive en renfort. De loin, Léa et Francis nous observent, ahuris. Ils ne comprennent rien de ce qui se passe. Je repousse mes amis, mets les premières bottes que je trouve et sors de la maison. Le froid me saisit, mais je m’en fous. Je regarde dans toutes les directions. Par où est-il allé? Quel arrêt d’autobus le ramène chez lui?
Il n’y a que deux possibilités. Je parie sur l’arrêt au coin de la rue. Il y a plus d’autobus qui s’y arrêtent. Je cours. Guillaume me rattrape.
- Je vais le tuer pareil. Il n’avait pas le droit…
- Eille, le malade! Tu n’as aucune idée de ce qui s’est passé, OK.
- Je ne suis pas stupide! J’ai encore du sperme sur les doigts.
En le disant, je me rends compte que c’est vrai. Mes doigts sont gommés.
- Oh! Dégueulasse! dit Évelyne en s’éloignant de moi. Moi aussi…
Elle sent ses doigts et grimace.
- Quel salaud!
- Prends soin d’elle! Moi, je m’occupe de Marc!
Je la plante là. Elle me crie de revenir, appelle son frère à la rescousse. Guillaume m’intercepte.
- Eh! Le gros? Où tu vas?
- Tuer Marc.
Je me défais de sa poigne. Il me retient de nouveau par le bras. Jef arrive en renfort. De loin, Léa et Francis nous observent, ahuris. Ils ne comprennent rien de ce qui se passe. Je repousse mes amis, mets les premières bottes que je trouve et sors de la maison. Le froid me saisit, mais je m’en fous. Je regarde dans toutes les directions. Par où est-il allé? Quel arrêt d’autobus le ramène chez lui?
Il n’y a que deux possibilités. Je parie sur l’arrêt au coin de la rue. Il y a plus d’autobus qui s’y arrêtent. Je cours. Guillaume me rattrape.
- Alors on ne va rien faire? | - Eh! P-A? Ça suffit. Reviens sur terre, bonhomme! Tu me fais peur, là! Je tente de me défaire de sa poigne, mais n’y parviens pas. Je hurle : - Marc a violé Lili! Je m’élance et le frappe. J’ai manqué mon coup, mais, saisi de surprise, mon ami me lâche. Il se frotte la tempe, à l’endroit où mon poing l’a touché. Pendant plusieurs secondes, nous nous observons en silence. - Tu me niaises? demande-t-il d’une toute petite voix. - Non… |
Je retiens un sanglot et me passe les mains dans le visage. Je revois son visage défait dans ma tête. Un poids immense me comprime la poitrine. Je frissonne. Il fait tellement froid… Mon ami me prend par l’épaule et me colle contre lui.
- Allez, vieux… On retourne à la maison. Tu ne peux pas le tuer, ni même aller te battre avec lui. C’est vraiment une mauvaise idée.
- Alors on ne va rien faire?
Guillaume hoche la tête.
- Pas ce soir. Mais il va le payer. Je te jure qu’il va le payer… On ne laissera jamais personne faire de mal à Lili!
Une grande lassitude m’envahit. Je laisse mon ami me ramener chez lui.
Je m’écroule dans le siège où j’ai passé une bonne partie de la soirée. La fête est finie. Tout le monde s’en va. Moi, je reste. Je guette la porte close de la chambre d’Évelyne. Quand Lili en sort, elle évite mon regard. Elle met son manteau et ses bottes en vitesse et elle sort de la maison. Je me lève. De la fenêtre de la cuisine, Guillaume et moi l’observons, alors qu’elle entre chez elle, dans la maison voisine.
- Marc va nous le payer…
- Allez, vieux… On retourne à la maison. Tu ne peux pas le tuer, ni même aller te battre avec lui. C’est vraiment une mauvaise idée.
- Alors on ne va rien faire?
Guillaume hoche la tête.
- Pas ce soir. Mais il va le payer. Je te jure qu’il va le payer… On ne laissera jamais personne faire de mal à Lili!
Une grande lassitude m’envahit. Je laisse mon ami me ramener chez lui.
Je m’écroule dans le siège où j’ai passé une bonne partie de la soirée. La fête est finie. Tout le monde s’en va. Moi, je reste. Je guette la porte close de la chambre d’Évelyne. Quand Lili en sort, elle évite mon regard. Elle met son manteau et ses bottes en vitesse et elle sort de la maison. Je me lève. De la fenêtre de la cuisine, Guillaume et moi l’observons, alors qu’elle entre chez elle, dans la maison voisine.
- Marc va nous le payer…